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Hubert Lucot
LE DEVENIR DE RAQUEL
La peinture de Raquel est spontanée ; elle n’obéit à aucun dogme. Mais chacune des grandes périodes de son oeuvre a été précédée par un silence correspondant à une intense réflexion.
La première grande période, celle des tableaux monochromes aux couleurs sombres, a couvert les années 1970-1983. L’originalité de cette pratique ascétique était la suivante : de grand format (3 m sur 6 m), les tableaux se groupaient en des diptyques ou des triptyques opposant deux ou trois couleurs voisines dont la jonction, qui marque une limite, constitue un travail de la différence.
Expositions notables :
1976. Galerie Arnaud. Paris
1982. ARC. Musée d’Art moderne de la ville de Paris
1983-1984. Vingt années de peinture en France :
Musée national de Berlin. Musée de Mayence, Musée de Tubingen
Très lentement, Raquel modula la monochromie, sans que de telles variations puissent assimiler sa manière à l’impressionnisme ou au nuagisme. En effet, la vibration exprimée et réalisée relevait de l’intériorité.
Expositions notables :
1984. Galerie Breteau. Paris
1990. Fondation Astrid Paredes. Caracas
Ensuite, Raquel fit évoluer cette modulation vers la polychromie, mais sa recherche de l’unicité, sa passion de l’Un, l’emportait, et l’univers de Raquel restait statique.
Exposition notable :
2000. Galerie d’art de l’Aéroport de Paris. Orly
À partir de 2000, l`univers de Raquel fut véritablement le Cosmos, en proie au devenir. L’irruption des couleurs matérialise un axe oblique qui traverse l’espace depuis le haut du tableau, à droite, jusqu’en bas, à gauche. Ce déferlement scriptural associa d’abord le bleu à sa déclinaison verte puis les deux couleurs au rouge, dont le jaillissement marque les œuvres actuelles avec crudité. Il est possible que dans les œuvres à venir la tension de l’oblique tende à se nuancer.
In « Le cahier du Refuge 115 » Centre international de poésie. Marseille