Henri Deluy
Raquel à Caracas
Du 25 octobre au 18 novembre, l’an dernier, Raquel exposait, sous le titre général « 0bscurité comme Lumière », un ensemble de toiles, de gouaches, aquarelles et dessins, dans l’une des plus prestigieuses galeries d’Amérique latine (Galeria Astrid Paredes, à Caracas, au Venezuela). Olivier Cadiot et moi l’accompagnions dans ce lointain périple. Ce fut un grand bonheur que de pouvoir apprécier les grandes toiles, les diptyques et triptyques dans un espace à plusieurs dimensions (voir la photo ci-dessus) qui permit aux œuvres de souligner à la fois leur difficile solitude individuelle et l’unité d’une démarche. La disposition des toiles, sur la disposition des murs, les pans coupés jouant avec la transparence apparente des surfaces, autant d’aspects d’un jeu de lumière « obscur », comme il est dit pour une autre vision de la peinture (du matériau). Une manière aussi de sortir du geste, et du matériau. Plusieurs vitrines permirent également de mesurer le travail accompli avec Emmanuel Hocquard pour les éditions « Orange Export LTD. » qu`ils animèrent ensemble. De voir, sur le terrain, la part du livre et de la page dans les conceptions de Raquel et comment elle sut, et sait, sortir du livre. L’essentiel était sur les murs. Les murs étaient hors de la peinture. La peinture tenait les murs.
Les Lettres françaises. 1991 N°7